Internet n’est-il pas un endroit formidable ?
Ouvert, public, égalitaire. Chacun dispose d’une tribune et peut s’exprimer librement.
Attendez, pas si vite. Si Internet a certainement le potentiel d’être un espace numérique démocratique, il y a encore beaucoup à faire pour y arriver.
Les droits à la communication en ligne sont souvent peu protégés.
La surveillance, les menaces et les restrictions d’accès ont un impact sur la capacité des personnes à exercer leurs droits en ligne. L’essor des Big Tech, motivées par le profit, peut étouffer les petits organes de presse indépendants, ce qui rend difficile la recherche d’informations larges et équilibrées. L’avènement de l’IA générative fait qu’il est plus difficile pour les médias d’investir dans une équipe diversifiée de reporters, de rédacteurs et de photographes humains formés.
Une communication numérique sûre, ouverte et fiable responsabilise les gens.
Qu’est-ce qui nous en empêche ? Consultez les mots-clés de cette session pour en savoir plus.
Keywords
Résultats
À l’issue de cette session, vous serez capable de
- Comprendre les principaux défis auxquels sont confrontés les droits à la communication aujourd’hui.
- Décrire les droits à la communication et la manière dont ils sont affectés par l’incitation à la haine et d’autres obstacles.
- Prendre des mesures pour choisir et partager des contenus provenant de sources fiables en ligne.
Définitions
Droits à la communication
Si vous êtes rivé à votre smartphone toute la journée, vous serez peut-être heureux d’apprendre que la communication est un droit de l’homme, au même titre que la nourriture, le logement et la sécurité. Les droits à la communication permettent à tous les individus, où qu’ils se trouvent, de s’exprimer individuellement et collectivement, par n’importe quel moyen de communication. Ils sont essentiels à la pleine participation à la société et font donc partie des droits de l’homme universels, appartenant à chacun d’entre nous.
Les droits à la communication sont même inscrits dans le droit international, notamment dans la Déclaration des droits de l’homme des Nations unies :
Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit (UNDHR, article 19).
Le droit de se réunir et de manifester, d’apprendre et d’utiliser sa propre langue, de recevoir une éducation et de créer des médias fait partie des droits à la communication. La protection de ces droits nous aide à interagir avec les autres et à promouvoir la compréhension et la coopération.
En résumé : Les droits à la communication permettent aux personnes et aux groupes de rechercher, de recevoir et de partager des informations.
Exemple : Les gouvernements ont l’obligation de créer un environnement dans lequel les médias libres et indépendants peuvent prospérer. (Source : Article 19. Article 19 est une ONG internationale financée par des donateurs et basée au Royaume-Uni).
Liberté d’expression
La liberté d’expression est un droit de communication important. Malheureusement, la liberté d’expression est trop souvent utilisée pour défendre des personnes qui tiennent des propos nuisibles. La liberté d’expression n’est jamais exempte de restrictions. Elle doit être utilisée de manière responsable.
Le Conseil de l’Europe déclare : “Vous avez le droit de rechercher, de recevoir et de répandre les informations et les idées de votre choix sans ingérence et sans considération de frontières“. Le Conseil de l’Europe compte 46 États membres et œuvre à la défense des droits de l’homme et de la démocratie en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Mais (et c’est important !) vous ne pouvez pas inciter à la haine ou à la violence, vous ne pouvez pas voler le contenu et les idées d’autres personnes, et vous devez respecter tous les autres droits de l’homme. Exercez donc ce droit de manière responsable !
Hélas, la plupart des gens dans le monde ne peuvent pas jouir d’une totale liberté d’expression. Les lois sur le blasphème et la diffamation, la censure d’internet, les monopoles médiatiques, etc. font que les gens ne peuvent pas communiquer librement ou sans risque personnel.
En résumé : La liberté d’expression protège votre droit d’exprimer et de partager vos opinions sans interférence, à condition que vous ne causiez pas de préjudice et que vous n’enfreigniez pas la loi.
Exemple : La liberté d’expression est inscrite dans la loi sri-lankaise, mais les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme risquent de perdre leur emploi, d’être victimes de violences et de subir l’ingérence directe du gouvernement lorsqu’ils dénoncent les injustices et la corruption. (Source : Fédération internationale des journalistes. La FIJ est une fédération mondiale de syndicats de journalistes, représentant plus de 600 000 travailleurs des médias dans le monde).
Incitations à la haine
Les incitations à la haine constituent un grave problème en ligne. L’anonymat et la grande audience sur Internet peuvent permettre aux gens de dire des choses qu’ils n’envisageraient même pas de dire face à quelqu’un. Les réfugiés et les migrants, les femmes, les minorités religieuses et la communauté LGBTQ+ sont des cibles fréquentes des incitations à la haine.
L’incitation à la haine n’a même pas besoin d’être un discours. Il peut s’agir d’une caricature ou d’un geste, ainsi que de symboles ou d’objets.
Ce que tous les contenus haineux ont en commun, ce sont les cibles : un groupe ou les membres d’un groupe qui partagent une caractéristique particulière. Il peut s’agir d’une croyance religieuse, du sexe ou même d’une opinion. Les incitations à la haine attaquent les gens pour ce qu’ils sont, et non pour ce qu’ils disent ou font.
L’incitation à la haine est dangereuse parce qu’elle agit comme un catalyseur. Elle n’a pas seulement un impact sur la cible, mais elle encourage aussi d’autres personnes à discrimer et à répandre leur haine. Elle valide les stéréotypes négatifs et peut nuire à la cohésion sociale.
En résumé : L’incitation à la haine est un contenu abusif qui vise des personnes sur la base de leur identité.
Exemple : Décrire des groupes de personnes comme des animaux ou les rendre responsables d’une maladie est une forme d’incitation à la haine. Promouvoir des théories du complot et célébrer la persécution passée de certains groupes constitue également une incitation à la haine. (Source : Colombie-Britannique (Canada) Bureau du commissaire aux droits de l’homme, British Columbia (Canada) Office of the Human Rights Comissioner).
Journalisme
Les médias sont souvent appelés le quatrième pilier de l’État. Cela semble important, n’est-ce pas ? C’est le cas ! Les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire d’un gouvernement démocratique proposent, adoptent et appliquent les lois. Les médias indépendants ont pour mission d’informer les citoyens de ce qui se passe dans le monde et de responsabiliser tout un chacun.
Des écosystèmes médiatiques sains et des démocraties saines vont de pair.
Le journalisme est l’activité de recherche, d’enquête, de questionnement, de création et de diffusion de l’information. Il désigne les personnes qui font ce travail et les médias qu’elles produisent.
Dans de nombreux pays, les journalistes sont menacés d’emprisonnement et de violence pour avoir fait leur travail. Le journalisme est également confronté à la pression des contenus générés par l’IA, au manque de confiance dans les informations indépendantes, à un financement inadéquat et à la demande de contenus gratuits en ligne.
En résumé : Le journalisme est un bien public qui fournit aux gens des informations fiables nécessaires à des sociétés saines et à des démocraties fortes.
Exemple : Le journalisme d’investigation se penche sur un sujet pendant des mois, voire des années. La British Broadcasting Corporation a eu accès à une tablette laissée sur un champ de bataille libyen par le groupe de mercenaires russes Wagner. Le contenu de cette tablette a donné un aperçu sans précédent du mode de fonctionnement du groupe. (Source : BBC. La BBC est le radiodiffuseur public du Royaume-Uni).
Espaces numériques
Les espaces numériques sont des lieux de communication, de rencontre et d’échange d’idées, à l’instar d’une place publique dans une ville. Ils existent là où les gens se connectent les uns aux autres et forment une communauté en ligne, en utilisant les technologies numériques. Les réseaux de médias sociaux en sont de bons exemples, mais les espaces numériques comprennent également la réalité virtuelle, les jeux en ligne, les blogs, etc.
Comme nous l’avons vu, les espaces numériques sont dominés par les grandes entreprises technologiques qui veulent gagner de l’argent et peuvent être utilisés par les gouvernements pour la surveillance et la restriction des droits à la communication. Les groupes marginalisés sont également confrontés à des obstacles dans l’accès et l’utilisation des espaces publics numériques.
Les droits dans ces espaces doivent être une extension de nos droits hors-ligne. Les espaces publics numériques sont meilleurs lorsque chacun peut y participer librement, sur un pied d’égalité et en toute sécurité. La participation respectueuse de diverses personnes permet aux gens d’apprendre à travailler ensemble pour un changement positif.
En résumé : Les espaces numériques sont des espaces en ligne où les gens peuvent exercer et jouir de leur droit à la communication. Exemple : Les espaces numériques comprennent les médias sociaux, les jeux en ligne et les plateformes d’apprentissage. Les espaces numériques peuvent également être créés par des hashtags tels que #BlackLivesMatter et #RhodesMustFall.
En avant
Super ! Vous connaissez maintenant l’essentiel des grands enjeux des droits à la communication. Partout dans le monde, les gens sont confrontés à des défis différents dans l’exercice de leur droit à la communication. Cliquez sur “Leçon suivante” pour écouter quelques experts en la matière.